dimanche 23 février 2014

Patrick Modiano personnage de roman

Patrick Modiano n'est pas seulement auteur de romans ; il est devenu lui-même un personnage de romans. Il apparaît ainsi en jeune écrivain débutant dans deux récits, publiés tout récemment, qui se déroulent au tournant des années 1960-70. 

Dans Les Années insulaires, de Philippe Le Guillou (Gallimard, 2014), le jeune Modiano surgit à plusieurs reprises. A l'invitation de Georges Pompidou, il assiste à l'Elysée à des projections privées de films comme Le Cercle rouge (Jean-Pierre Melville, 1970). 

Extrait : "J'avais repéré un grand jeune homme malingre, avec un superbe pull-over à col roulé et un cou d'échassier, qui ne connaissait pas grand monde et passait son temps à esquiver ceux qui venaient à sa rencontre. Ce jeune homme avait un physique de comédien, de longues mains fines et noueuses dont il ne savait que faire, et il paraissait encore plus sauvage et plus traqué que moi. (...) Quelqu'un, me semble-t-il, avait prononcé son nom et j'avais cru reconnaître Modiano. C'était donc peut-être l'auteur de cette Place de l'étoile que j'avais fini par lire et que j'avais trouvé d'une force et d'une audace singulières. M'enhardissant, je m'étais avancé : le grand échassier au beau regard halluciné s'était déjà enfui."


Dans son dernier roman à haute teneur autobiographique, Jours nocturnes (Seuil, 2014), Myriam Anissimov évoque elle aussi Modiano, mais sans le nommer. Elle mentionne à plusieurs reprises un certain Arturo auquel elle trouve "la pâleur, la grâce d'Amedeo Clemente Modigliani", et avec lequel elle noue une relation qui ne va pas bien loin. 
Il n'est guère difficile de deviner qui se dessine derrière ce grand jeune homme passionné par le Paris de l'Occupation, la Gestapo française de la rue Lauriston, Maurice Sachs, le docteur Petiot ou encore Joseph Joanovici...

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