samedi 5 novembre 2011

Rue des Boutiques Obscures


Rue des Boutiques Obscures est le sixième roman de Patrick Modiano, et l'un de ses plus connus. 
Il a reçu le prix Goncourt en 1978. De façon exceptionnelle, le jury a précisé que ce prix était également remis à Modiano "pour l'ensemble de son œuvre".

Le roman lu par Jean-Louis Trintignant

Première publication : Gallimard, collection blanche, 5 septembre 1978.
Repris en 1982 en collection Folio (n°1358), avec en couverture une illustration de Pierre Le-Tan, puis une photographie.
Il existe sur CD une version du roman lue par Jean-Louis Trintignant, avec en ouverture une interview de Patrick Modiano à propos de son livre. Editions Audivis 1987, reed Editions Naïve 2002.Durée: 5h16.

Traductions en anglais (Missing person, trad. Daniel Weissbort, 1980), en allemand (Die Gasse der dunklen Läden, trad. Gerhard Heller, Übers. Gerhard Heller. Ullstein, 1979), en catalan (Carrer de les Botigues Fosques, trad. Joan Casas, ed. Proa 2009), japonais…

Lors de sa publication, la critique a été assez divisée sur le livre.
Dans "Le Monde" du 8 septembre 1978,Bertrand Poirot-Delpech (photo) se montre enthousiaste :
"Que reste-t-il d’une vie ? (…) Quelques photos jaunissant dans des boîtes à biscuits, des numéros de téléphone changeant d’abonné, une poignée de témoins qui s’évanouissent à leur tour, et pfuitt ! plus rien, à peine si vous avez existé… C’est ce néant de notre trace sur terre, cette buée, que suggère la Rue des boutiques obscures, avec une économie, une maîtrise, qui en font le plus nécessaire des romans de Modiano, sinon le meilleur. (…)
On reconnaît la réussite d’un roman à son dépouillement maximum pour une signification maximum. Au premier coup d’œil, la Rue des boutiques obscures semble aussi transparent et inhabité qu’un rapport de détective. (…)
D’un simple fichier défaillant naissent des interrogations essentielles : à quoi bon ouvrager nos chers petits « moi », vu ce qu’il en reste ? Ne faut-il pas préférer l’instant radieux au mirage des biographies ronflantes? Ou encore, cette alternative indécidable : à quoi bon vivre si on ne se souvient pas ! A quoi bon se souvenir si on ne vit pas ! C’est la grâce des grands livres, si minces qu’ils semblent, de peser en secret les grandes questions."


Dans "L’Express" du 25 septembre 1978, Angelo Rinaldi est en revanche plutôt sévère :
"Patrick Modiano représente un cas exemplaire. Celui de l’auteur qui est au-dessous de la réputation qu’il s’est attirée, et qui glissant sur la mauvaise pente, grignote à chaque roman, les raisons que l’on avait de le louer. (…) Sans cesse on éprouve l’ennui tenté d’agacement du monsieur en visite chez un raseur qui lui impose de visiter son album de famille."

Résumé de l’éditeur
"Qui pousse un certain Guy Roland, employé d'une agence de police privée que dirige un baron balte, à partir à la recherche d'un inconnu, disparu depuis longtemps ? Le besoin de se retrouver lui-même après des années d'amnésie ?
Au cours de sa recherche, il recueille des bribes de la vie de cet homme qui était peut-être lui et à qui, de toute façon, il finit par s'identifier. Comme dans un dernier tour de manège, passent les témoins de la jeunesse de ce Pedro Mc Evoy, les seuls qui pourraient le reconnaître: Hélène Coudreuse, Fredy Howard de Luz, Gay Orlow, Dédé Wildmer, Scouffi, Rubirosa, Sonachitzé, d'autres encore, aux noms et aux passeports compliqués, qui font que ce livre pourrait être l'intrusion des âmes errantes dans le roman policier."


Rue des Boutiques obscures fait partie des dix "romans" réunis par Patrick Modiano en un volume de la collection Quarto en mai 2013. 
A cette occasion, l'auteur a accordé une longue interview à Sylvain Bourmeau (Libération, 10 mai 2013). 
A propos de ce roman, il explique: «Là aussi des bribes associées à mes parents, à des gens bizarres qu’ils avaient connus. C’est un livre lié à l’Occupation mais pas du tout réaliste. J’ai utilisé des noms de gens réels que j’avais observés dans mon enfance, mais j’en ai fait comme un rêve. J’ai toujours tâtonné autour de l’amnésie, un thème traité en littérature par Giraudoux ou Anouilh et qui m’avait surtout frappé dans les films noirs américains. C’est un film de Mankiewicz qui m’a donné l’impulsion. Et, quand j’ai terminé le livre, je me suis dit que j’aurais peut-être dû le traiter autrement. C’est un thème qui m’a toujours poursuivi.»


Le titre, lié au nom d’une rue de Rome (via delle Botteghe Oscure), évoque aussi celui d’un recueil de rêves publié quelques années auparavant, en 1973, par Georges Perec.

Dédicace :
"Pour Rudy
Pour mon père"



Personnages cités : Porfirio Rubirosa, Alec Scouffi, …
Le narrateur passe par quatre noms: Guy Roland, Freddie Howard de Luz, Pedro McEvoy, Jimmy Pedro Stern.


Couverture illustrée
par Pierre Le-Tan

A lire à propos du livre :
-Patrick Modiano pièces d’identité. Ecrire l’entretemps, par Colin W. Nettelbeck et Penelope A. Hueston
Editions Lettres modernes, 135 p, 1986.
L’une des premières analyses fouillées de l’œuvre de Modiano. L’ouvrage est construit autour de 7 chapitres consacrés aux sept premiers livres de Modiano : La Place de l’Etoile, La Ronde de nuit, Les Boulevards de ceinture, Lacombe Lucien,Villa triste, Livret de famille et Rue des boutiques obscures. Un chapitre final tente une synthèse.


-"Phénomène Modiano, nescience et naissance d’un écrivain", par Emilie Mauchaussé (document en ligne)
Une lecture psychanalytique des Boulevards de ceinture et de Rue des Boutiques Obscures. Master of Arts, Miami University (2006)


-"Qui est Guy Roland ?" Une étude en ligne de P.J. van der Bent.


A découvrir Rome & Boulogne-Billancourt, un polyptique d’Anthony Freestone évoquant Rue des Boutiques Obscures

La nouvelle couverture
de l'édition Folio


Traduction en catalan

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